Paris 1871: des polonais sur les barricades
Après le 3è partage de la Pologne en 1795, et au gré des soulèvements contre les occupants (1806, 1830/31, 1846, 1863/65) des polonais ont choisi d’émigrer vers la France pour continuer à travailler à la résurrection de leur nation.
Si tout le monde est d’accord pour lutter pour la reconstruction d’une patrie polonaise, le moyen d’y parvenir (diplomatie en profitant des rivalités entre occupants ou insurrection), et le régime socio politique du nouvel état, sont loin de faire l’unanimité : des tenants d’une monarchie constitutionnelle aux révolutionnaires radicaux tout l’éventail des tendances politiques et sociales est représenté.
On considère qu’il y avait environ 30000 immigrés polonais en France entre 1831 et 1870.
Fuyant la répression tsariste, en 1864/65, Jaroslaw Dąbrowski (dirigeant du camp des « rouges »)et Walery Wroblewski (dirigeant et combattant du soulèvement de Janvier 1863), arrivent à Paris.
En 1870 éclate la guerre franco-prussienne qui aboutit au soulèvement de Mars 1871 et la proclamation de la Commune de Paris. Lire la suite…
En juillet 1870 : Lorsqu’éclate la guerre franco prussienne, la proposition de Jaroslaw Dąbrowski et Walery Wroblewski de mettre leur expérience militaire au service de la France, en créant des bataillons d’émigrants polonais, est repoussée par les autorités françaises, pour ménager les relations franco-russes.
Jaroslaw Dąbrowski
- Dès les premiers jours de l’insurrection J Dąbrowski se met au service de la Commune. Son frère Teofil (également participant à l’insurrection) explique ainsi leur engagement dans une lettre:
….lorsque nous avons commencé la révolution de Paris, nous avons vu en elle une révolution sociale qui, si elle réussissait, pourrait renverser tout l'état de choses existant en Europe aujourd'hui.La Pologne pourrait-elle y perdre quelque chose ? Non. Pour gagner ? Tout. Cette pensée était un stimulant pour tous les Polonais combattant sous la bannière révolutionnaire. …..
- Début Avril J Dąbrowski reçoit le commandement de la 11ème légion de la garde nationale, a la tête de laquelle il mène des contre attaques couronnées de succès. Il est blessé le 19 avril.
- Le 5 mai il est nommé commandant en chef de l’armée de la commune de Paris.
- Le 23 mai, au pied d’une barricade, alors qu’il préparait une contre attaque, il est touché par une balle et meurt dans la journée. Enterré à la hâte, sa tombe n’a jamais été retrouvée.
- Sa mémoire est honorée au mur des fédérés du cimetière du père Lachaise
Walery Wróblewski
- Comme J Dąbrowski, Walery Wróblewski se range auprès des communards.
- Mi avril il est nommé général et 2 semaines plus tard commandant de la 3ème armée avec pour tache de défendre le front de la rive gauche de la Seine.
- Le 10 mai il mène l’assaut victorieux du fort de Vanves. Après avoir repoussé plusieurs contre attaque et pour éviter l’encerclement il ordonne le repli de ses troupes.
- Dans les derniers jours du soulèvement il combat comme simple soldat sur les barricades.
- Pour échapper aux répressions de la semaine sanglante, il se cache parmi les civils et grâce à de faux papiers parvient à rejoindre l’Angleterre. En mai 1872 il est condamné à mort par contumace par les tribunaux français.
- A Londres il devient secrétaire du Conseil général de l'Association internationale des travailleurs, la "Première Internationale"
- Après une amnistie, il revient en France en 1881. Gravement blessé lors d’une agression dans la rue, il devient invalide.
- Recueilli chez des amis, il meurt en 1908. Suivant ses dernières volontés il est enterré au père Lachaise parmi ses compagnons de lutte de 1871.
On considère qu’il y avait de 400 à 600 polonais sur les barricades lors de l’insurrection de la commune. Un bataillon polonais informel a combattu sur le champ de Mars et du coté de la porte de Passy.
Pendant la répression aveugle de la semaine sanglante plusieurs dizaines de polonais ont été massacrés sur place, parmi beaucoup d’autres insurgés, du simple fait de leur nationalité et parfois sans lien avec une participation effective au soulèvement.
Si J Dąbrowski et Walery Wróblewski sont des héros militaires, d’autres personnages se sont illustrés par leur action décisive. Aujourd’hui si on peut admirer le musée du Louvre et ses collections exceptionnelles, on le doit à Florian Trawiński qui a fait échouer le projet de destruction du bâtiment et de ses collections par les communards en Mai 1871. Ce qui lui a valu d’être gracié après la chute de la Commune…
Après la défaite de 1870, l’anéantissement de la commune, l’abandon officiel de la France (Thiers) de tout soutien aux polonais (par souci de rapprochement avec la Russie), un mouvement de retour des polonais vers la zone autrichienne de Galicie s’amorce. D’autres se sont dirigés vers l’Angleterre ou le continent américain .