13 décembre 1981: la loi martiale en Pologne.
Il y a 40 ans, le 13 décembre 1981 la loi martiale (aussi appelée état de guerre) décrétée par le gouvernement communiste, s’abattait sur la Pologne.
Aout 80/décembre 81
En aout 80 débutent les revendications sociales, menées par les syndicats libres, au chantier navals de Gdansk, et très vite un comité de grève inter usines est créé. Une liste de 21 revendications est établie, la première d’entre elles étant le droit de créer un syndicat indépendant ( avec entre autres requêtes la liberté d’expression –l’accès aux médias, de revendications dans le domaine économique, social, des retraites, de la santé…).
Rapidement, le mouvement de protestation, malgré les efforts du gouvernement communiste pour le juguler, gagne tout le pays. L’ampleur de troubles est telle que le gouvernement est contraint de négocier pour éviter une escalade catastrophique. Ces négociations aboutirons, fin aout 80, à la création du syndicat libre et autonome « Solidarnosc ».
Mais en secret, dès aout 80, le gouvernement prépare une reprise en main militaire et policière du pays : préparation d’une loi martiale, plan d’internement de milliers de militants ciblés…
La popularité de Solidarnosc s’amplifie et le syndicat devient un acteur social. Les offres de Solidarnosc en vue d’un redressement économique du pays sont ignorées par le gouvernement, et entre aout 80 et décembre 81, les manifestations, les revendications les grèves se poursuivent.
Loi martiale :
Le 13 décembre 1981, le général Jaruzelski, chef du gouvernement, annonce que la loi martiale est instaurée en Pologne, et que cette mesure a été rendue nécessaire pour rétablir l’ordre, la discipline, et l’économie du pays.
Dès lors, les grèves, les assemblées ainsi que toute activité syndicale sont interdites, les conversations téléphoniques, la correspondance censurée, les déplacements limités, seuls 2 journaux gouvernementaux restent publiés.
Dès la promulgation de la loi martiale, un certain nombre de grèves éclatent dans les chantiers navals, des mines, des aciéries, des usines et des manifestations sont organisées. Une répression violente mettra fin –parfois dans le sang et au prix de la vie- à ces mobilisations dès la fin décembre.
Il n’y aura pas de soulèvement massif.
Lech Walesa ainsi que 5000 personnes seront arrêtées la première semaine (dirigeants ou associés à Solidarnosc principalement, participants aux grèves), licenciements massifs de grévistes.
Le 31 décembre 1982 la loi martiale est suspendue. Elle sera levée totalement le 22 Juillet 1983.
Du 13 décembre 81 au 22 Juillet 83, plus de 10000 personnes ont été arrêtées, et entre 50 et 100 victimes ont été dénombrées, suivant les sources.
Analyses postérieures :
- Aspect juridique :
-En 2011 un arrêt du tribunal constitutionnel confirme que le décret de la loi martiale de 1981 n’était pas compatible de la constitution de la république de Pologne.
-Plusieurs historiens considèrent que la promulgation de la loi martiale était un coup d’état militaire
- Motivation de la loi martiale
-La menace soviétique:
Plus tard, le Général Jaruzelski a déclaré que l’instauration de la loi martiale a guidée par sentiment patriotique et qu’elle a permis d’éviter l’invasion de la Pologne par les troupes soviétiques.
Néanmoins, si l’option d’une invasion des troupes du pacte de Varsovie a pu être étudiée (ou souhaitée par certains), ce n’était pas le choix privilégié par l’URSS en décembre 1981, comme le montrent les archives soviétiques qui ont été publiées : l’URSS engagée en Afganistan, en cours de négociation avec les USA(armements), jugeait l’invasion de la Pologne risquée, et encourageait fermement le règlement de la crise polonaise par une solution interne.
-La peur du régime communiste de perdre le pouvoir devant la popularité croissante de Solidarnosc.
- Jugements
En 2007 débute le procès de organisateurs de la loi martiale- du moins ceux qui étaient toujours en vie-, dont le général Jaruzelski. Certains inculpés décèdent en cours de procès, d’autres bénéficient de non lieu, d’autres reçoivent une condamnation clémente, sont acquittés, bénéficient de la prescription.La plainte contre le général Jaruzelski s’est éteinte avec le décès de celui-ci en 2014.
Commémorations
-Depuis 2002 le 13 décembre a été décrété en Pologne jour du souvenir des victimes de la loi martiale.
-«La lumière de la liberté» :
L’épiscopat polonais appelle à reproduire le 13 décembre le geste de Jean Paul II et R Reagan le 13 décembre 81, en allumant une bougie aux fenêtres, en hommage à la mémoire de ceux qui ont souffert de la répression ou en sont morts.